Marguerite O.

Conseillé par (Libraire)
21 mars 2019

La narratrice est une citadine venue passer quelques jours à la montagne chez des amis. Un soir ceux-ci descendent au village pour quelques heures pendant qu'elle reste dans le chalet. Le lendemain matin ils ne sont pas encore rentrés- une soirée trop arrosée peut-être? Les heures passent et ils ne sont toujours pas là. Elle décide de se rendre au village et se heurte contre un 'mur' – transparent, d'une matière qu'elle n' identifie pas et qui encercle les environs. Au-dehors rien ne bouge. De retour au chalet il n'y a qu'un grésillement à la radio.
Ainsi commence ce roman. Une femme est seule – il n'y a plus rien ni personne. Les jours, les semaines, les mois passent. Les animaux dans cet enclos sont vivants et elle voit les oiseaux qui volent très haut vers le lointain, au-delà du mur donc.
Qu'est-ce qui s'est passé? Il n'y a aucune explication. Mais elle doit d'abord survivre dans un milieu dont elle ne connaît pas grand-chose. Elle tient un journal pour essayer de mettre une structure humaine dans le vide.
Un roman fascinant, inoubliable.

Quand la géographie est plus forte que l'histoire

JC Lattès

20,00
Conseillé par (Libraire)
21 novembre 2018

La Géopolitique: un mot que tout le monde connaît et de nombreux atlas géopolitiques sont disponibles. Mais réfléchit-on assez à la base de cette expression?
Ce livre explique de quoi il s'agit: l'importance d'un fleuve, d'une mer, d'une chaîne de montagnes etc, qui, depuis la nuit des temps, détermine le développement d'une région du monde et des peuples qui l'habitent. Cela semble si évident et pourtant ...
Limpide sans être simpliste, voici un livre aussi instructif que fascinant.
 

Conseillé par (Libraire)
5 octobre 2018

Avril 1942. Le brigadier-chef des RG Louis Sadowsky* est arrêté à Paris avec son ancien chef Christian Louit. Ils sont emmenés à Berlin et détenus dans la prison jouxtant le QG de la Gestapo sur l'Alexanderplatz. Chaque jour on les convoque pour des interrogatoires serrés concernant leurs contacts et 'indics' à Paris datant d'avant la guerre. Ils ne sont pas torturés mais la menace est toujours latente et le régime de la prison est dur. Ne sachant pas ce que les Allemands lui reprochent ni ce qu'il a fait ou omis de faire pour qu'on le retienne, Sadowsky est bouleversé, pleure la nuit dans sa cellule. Il a froid et la nourriture est insuffisante. Il fait de son mieux pour raconter aux interrogateurs tout ce qui leur peut être utile. Il n'a, bien sûr, qu'un souhait: sortir de là et retourner auprès de sa femme à Paris. Au bout d'une dizaine de jours on semble être satisfait de son attitude. Sadowsky et Louit sont emmenés dans des restaurants pour un déjeuner correct (il y a quand-même un rationnement à cause de la guerre mais on tient à ce que les Français soient convaincus de la force invincible de l'Allemagne); on leur fait faire une promenade dans le centre de Berlin; les interrogateurs leur donne du café, des cigarettes. Après quatre semaines on les raccompagne à Paris.
À son retour le supérieur de Sadowsky lui ordonne de rédiger un rapport sur cet épisode. C'est le texte que voici. L'éditeur n'a retouché que des fautes d'orthographe et la transcription phonétique de mots allemands.
Se doutant que la Gestapo lira ce texte, Sadowsky reste très prudent dans ses avis mais il n'hésite pas à raconter des conversations privées fugaces avec Louit qui lui reprochait d'être trop coopératif. Sans être 'résistant' (peut-être qu'il le serait devenu) celui-ci n'est guère favorable aux Nazis qui, quelques mois avant son arrestation, avaient exigé sa mise à la retraite à cause de son manque de collaboration, et il sera de nouveau arrêté - avant la remise du rapport de Sadowsky- et passera le reste de la guerre en prison en Allemagne. Quant à Sadowsky, il sera un excellent collaborateur. Avec ses talents de policier, il sera spécialisé dans 'la traque des Juifs'.
Son rapport sera utilisé lors de son passage devant la commission d'Épuration mais ne sera pas publié avant cette édition. Sadowsky échappera de près à la peine capitale et passera une dizaine d'années en prison.
Le texte est présenté avec un travail remarquable d'historien qui place tout dans son contexte, donnant des explications sur les événements et personnes mentionnés. Une lecture fascinante, tant sur l'époque que sur l'homme Sadowsky, la collaboration vue de l'intérieur .

* Il sera la base du personnage Léon Sadorski des romans de Romain Slocombe.

Conseillé par (Libraire)
23 août 2018

Où il est question de: géométrie, astronomie, cartographie, cadastre, navigation, histoire, archéologie, mythologie- et vélo! Remarquant par hasard des coïncidences dans l'emplacement de certains sites (tous ces Mediolanum...), l'auteur se plonge dans une étude approfondie qui livre des résultats étonnants. Ayant lui-même du mal à y croire et afin de vérifier sur place, il traverse la Gaule (pardon, la France) dans tous les sens à bicyclette.
Sa thèse est convaincante. Elle propose non seulement une grille d'interprétation inédite du paysage français, et de l'ouest de l'Europe, mais elle ouvre l'accès à un domaine que l'on croyait à jamais perdu: une partie de l'enseignement et des pratiques des druides.
Les Celtes (dont l'auteur souligne qu'il s'agit de culture et de langue et non d'une ethnie) sont arrivés relativement tard dans l'Europe occidentale, habitée depuis des dizaines de millénaires, et bien sûr, ils ont hérité des strates de croyances indigènes. Le catalyseur de ce que décrit l'auteur aurait été la rencontre de la mathématique grecque et de la spécificité celte.

Les Celtes ne conservaient pas les choses sacrées par écrit, et les « lignes de solstice» dont il est question dans ce livre en étaient. Il fallait tout apprendre par coeur. Dans la Gaule romanisée puis christianisée ce savoir a disparu.
Et la Bretagne insulaire et l'Irlande?
Dans la grande île, dont la partie romanisée correspond, en gros, au Pays de Galles et à l'Angleterre actuels, c'est surtout le sud, proche de la Gaule et relativement peuplé, qui livre des résultats probants. Au nord, l'actuelle Écosse, la population était éparse et l'influence « centrale » gauloise légère mais il y a quand-même des indices, plus vagues, du système.
Quant à l'Irlande, qui n'a jamais été romanisée (voir le passage amusant page 133) et christianisée seulement au cinquième siècle, pourquoi ce savoir n'y a-t-il pas été conservé ? L'île était très loin et moins développée qu'une Gaule fécondée par le contact permanent avec les Méditerranéens (Carthaginois, Grecs, Étrusques, Romains), et l'implantation du Christianisme fut radicale. Ce qui n'a pas empêché tel prosélyte de livrer, malgré lui, de précieux indices sur les hauts lieux pré-chrétiens. L'emplacement de ceux-ci (dont certains précédaient l'arrivée des Celtes) paraît confirmer la thèse de l'auteur. Toutefois, les druides confrontés par le futur Saint Patrick ne semblent pas avoir eu le niveau de leur prédécesseurs gaulois et britanniques.*
Cela dit, l'auteur idéalise sans doute les druides. Sous sa plume, on a parfois l'impression qu'il s'agit de vénérables professeurs de la grande tradition anglaise, déambulant sous les 'clochers rêveurs' d'Oxbridge.
Même le lecteur non convaincu par l'interprétation de l'auteur aura eu les yeux ouverts sur une autre façon de raconter l'histoire, voire sur une histoire « autre ».
Une érudition formidable portée avec légèreté et humour. Stimulant, fascinant et très agréable à lire.
*Pour l'anecdote, en irlandais moderne le mot "draoi" veut dire druide, bien sûr, mais aussi magicien ou sorcier. Et le terme dérivé "draíocht" signifie magie, et nullement savoir ou science...

Conseillé par (Libraire)
27 juin 2018

De l'inconvénient d'être mariée, et de l'identité féminine (2)
Publication 1862.
« Je ne puis pas être désintéressée; je ne puis pas fermer les yeux sur les avantages d'une telle alliance ».
Sir Michael Audley est prévenu mais ne veut pas en demander trop à la ravissante Lucy Graham,* gouvernante vouée à une vie d'humiliation et de servitude, dont il est amoureux. Elle a 23 ans, lui 56. Elle devient donc Lady Audley. La fille de Sir Michael, Alicia, n'apprécie guère sa belle-mère mais les gens du village l'adorent: elle est si bonne et si belle. Après une vie de privations elle jouit de sa nouvelle condition, se délectant du luxe et de l'abondance auprès d'un homme qui ne lui refuse rien. En retour elle est une épouse irréprochable. Et ce secret ? Le lecteur commence à deviner quelque chose mais il y a beaucoup de surprises et de rebondissements.
Lady Audley est intelligente et d'une détermination extraordinaire. Elle est souvent perçue comme une antihéroïne qui refuse de subir les lois et conventions qui pèsent sur les femmes de son époque.
Elizabeth Braddon(1835-1915) eut un énorme succès avec ce roman, le premier d'une longue série. Elle dirigea une revue, mena une carrière littéraire éclatante. Ses lecteurs ne savaient pas qu'elle vivait en concubinage avec un homme dont elle eut six enfants, cela ne correspondait pas à la morale victorienne!
Lire en pendant « La recluse de Wildfell Hall ».
*Écho inconscient ou clin d'oeil à « La recluse de Wildfell Hall »? Et il y en aura un autre...