Marguerite O.

Conseillé par (Libraire)
31 mai 2019


Chana Orloff arriva à Montparnasse en 1910 à 22 ans, partie de Haifa où sa famille s'était réfugiée en 1905, fuyant les pogroms d'Ukraine. Pour elle, Paris était le lieu où une femme pouvait vivre librement, sans la pression de la famille, sans mariage et maternité forcés. À condition d'être très déterminée et courageuse.
D'abord elle se destinait au milieu de la mode, elle était excellente couturière, avant de découvrir la glaise. Sa vie bascula: elle devint sculptrice. Après dix ans d'efforts, ne mangeant pas toujours à sa faim, elle connut la réussite. Entre temps elle avait vécu la guerre, l'amour, la maternité et le deuil. Ensuite vinrent la reconnaissance, l'aisance matérielle, la liberté. Vingt ans de travail. Puis arriva 1940.
C'était une femme fort discrète. Comme d'autres artistes, elle pensait sans doute que tout ce qu'on devait savoir était dans son œuvre. Pourtant elle a confié lors d'un entretien en 1957 qu'elle «cumulait les handicaps: étrangère, juive, artiste, femme». L'auteure avoue sa frustration pendant ses recherches: Chana l'artiste se dresse toujours devant Chana la femme. Elle a donc imaginé sa vie intérieure, à partir d'indices infimes, de non-dits.
Un roman prenant et émouvant.

Comment les chats ont pris le pouvoir

Albin Michel

22,00
Conseillé par (Libraire)
20 mai 2019

Ronronnons

Les chats sont devenus les animaux domestiques les plus répandus de la planète. D'ailleurs, ne sont-ils pas 'apprivoisés' plutôt que 'domestiqués'? Les êtres humains ont modelé pour leurs besoins d'autres animaux, tels que les chiens, les bœufs etc, mais les chats cohabitent avec leurs voisins humains sans être à leur service.
Dans certaines régions du monde les chats, domestiques ou errants, participent à une catastrophe écologique. Des voyageurs ou colons les ont introduits dans des endroits où il n'y a pas de prédateur susceptible de limiter leur nombre. Du coup de petits espaces locaux (oiseaux, mammifères, lézards), chassés par les chats, sont en danger d'extinction. Même le chat domestique choyé et bien nourri chasse, car c'est sa nature. Et il est presque impossible de les en empêcher. On est arrivé à éliminer les chats dans quelques petites îles à force de vigilance et traque sans repos, car il suffit d'un couple de chats pour faire exploser la population féline puisque ils se reproduisent comme, euh, des lapins.
Et oui, les chats sont très utiles pour protéger des rongeurs: ils attrapent les souris et l'odeur de leur urine suffit à faire fuir les rats, même les grands rats bruns qu'ils ne sauraient chasser- sauf ceux qui sont infectés de toxoplasmose et qui, eux, sont attirés par les chats...
La toxoplasmose? Un chapitre est consacré à cette infection parasitaire dont un tiers des êtres humains est touché, qui existait déjà en Égypte pharaonique (foi de momie) et dont les félidés en général sont l'hôte 'attitré'. Si c'était un risque pour l'humanité on l'aurait donc déjà remarqué, non? Mais, intrigués par la réaction des rats infectés, certains neurologues font des recherches poussées: y aurait-il un lien entre la toxoplasmose et, par exemple, la schizophrénie? Les indices sont contradictoires: la France, notamment, où la schizophrénie est relativement rare, est un des pays les plus 'saturés' en toxoplasmose.
Il y a aussi les militants des droits des chats. Et il y a ceux qui veulent élaborer de nouvelles 'races' de chats, surtout pour le petit monde des expositions et concours: soit ils s'efforcent de croiser des chats domestiques avec des chats sauvages; soit ils cherchent à perpétuer certaines mutations génétiques spontanées (absence de pelage par exemple) par un élevage sélectif. Et que dire des chats vedettes d'Internet? Puis il est question de l'empire mondial de Hello Kitty...
L'auteur ne cache pas son amour pour les chats mais ceci n'est pas un énième livre niaiseux sur nos chers minous. Écrit avec humour dans un style détendu- le ton se voile parfois d'ironie et par moments devient acide- ce n'en est pas moins une étude sérieuse, brassant diverses disciplines, sur les relations entre les chats et les êtres humains. Fascinant.

12,90
Conseillé par (Libraire)
25 avril 2019

Un village anglais dans les années 1820, l'Angleterre d'avant les chemins de fer, parfois bien archaïque. Les deux familles dominantes sont les Cumnor, comtes possédant une grande demeure mais dont le titre et les terres n'ont qu'un siècle, et les Hamley, baronnets, moins riches mais qui disent être les seigneurs locaux depuis presque mille ans. En général ils s'évitent.
Le docteur Gibson, veuf d'origine écossaise (ce qui est assez piquant pour les Anglais qui l'entourent), est apprécié des deux familles, et de tous les autres habitants des environs, pour son sérieux et sa bonté. Et Molly, notre héroïne, est sa fille. Mr Gibson s'inquiète: père et fille vivent très heureusement mais il pense qu'il serait temps que Molly, qui va sur ses 17 ans, soit guidée, et gardée, par une autorité féminine. Il se remarie, un peu à la hâte, avec une veuve, Hyacinth, qui a une fille, Cynthia, du même âge que Molly. Les jeunes filles sont tout à fait opposées par la personnalité, l'apparence et le vécu.
La finesse psychologique, l'observation des nuances sociales, l'humour- tout y est. C'est le dernier roman, et le plus délicieux, de cette grande écrivaine. À dévorer!

21,00
Conseillé par (Libraire)
21 mars 2019

Décembre 2016. Cassandra habite une belle maison dans un des quartiers les plus chics de Londres; a une cuisinière, une femme de ménage et un chauffeur et dirige la galerie de son ex-mari. Elle est spécialisée dans l'art britannique du 20° siècle, reconnue et respectée. Et, franchement, pas très sympa.
Décembre 2017. Après avoir été condamnée pour fraude, sa réputation est détruite et ses finances sévèrement lésées. Adieu chauffeur et cuisinière, bonjour transports en public et restauration rapide.
Cassandra n'a pas de remords: elle considère que la fraude est assez mineure dans l'échelle du crime: il n'y a pas eu de violence, pas d'arme, pas de mort. Elle a toujours sa maison et Corker, son cher carlin.
Puis un jour elle trouve quelque chose dans le petit appartement du sous-sol de la maison où avait logé une nièce par alliance l'an précédent, juste avant la chute. Quelque chose de très inquiétant...
Cassandra Darke. Une sombre porteuse de mauvaises nouvelles? Pour le lecteur le nouveau roman graphique de Posy Simmonds en est une très bonne!
Drôlerie et suspense entre Chelsea et des quartiers beaucoup moins pimpants de l'est de Londres. Un délice.

Harry Mulisch

Actes Sud

Conseillé par (Libraire)
21 mars 2019

Janvier 1945. Haarlem. C'est un des hivers les plus froids du siècle. Bien que les forces alliées avancent, les Allemands occupent toujours les Pays Bas. Une nuit, un collaborateur local est assassiné devant une maison à quelques mètres de celle de la famille du jeune Anton. La vengeance des occupants sera rapide et brutale.
Au cours des années et des décennies suivantes, à travers des rencontres fortuites, Anton va, petit à petit, apprendre des bribes sur les événements de cette nuit qui bouleversa sa vie.
Une narration par chapitres assez courts dont chacun apporte un morceau du puzzle, parfois surprenant.
Une ambiance extraordinaire qui prend le lecteur dès la première page.