Magali B.

Conseillé par (Libraire)
27 mai 2022

Que feriez-vous, si vous découvriez un homonyme qui a fait les mêmes voyages que vous... il y a deux siècles ?!

🧑🧓 Ébahi, Guillaume Jan, né en 1973, découvre l'existence d'un certain Guillaume Jean, qui a vécu de 1824 à 1871. L'homonymie serait anecdotique si elle ne se doublait pas de coïncidences qui, comme toute coïncidence qui se respecte, s'avèrent délicieusement troublantes : même passion pour les Balkans, même appétence pour la cartographie, même insatiable bougeotte, même discrétion dans les milieux mondains. Bref, on aurait envie de dire que la pomme n'est pas tombée loin de l'arbre, ou que bon sang ne saurait mentir, ou encore que les chiens ne font pas des chats...
🧑🧓 Sauf que, sauf que : aussi loin qu'il ait pu remonter dans son arbre généalogique, Guillaume Jan (junior) n'a trouvé aucun lien familial avec Guillaume Jean (senior). Pas le moindre petit brin de cousinage ! En ayant placé sans le savoir ses pas dans ceux de son non-aïeul, Guillaume Jan ne pouvait que lui rendre hommage, avec un livre alerte et très plaisant à lire.

Conseillé par (Libraire)
6 mai 2022

Un tourbillon d'optimisme et une bouffée de solidarité !

✨ Du haut de ses 11 ans, Mia n'a pas une vie comme tout le monde : elle habite dans le motel tenu par ses parents, en Californie ! Et même plus que ça : elle les remplace à la réception quand ils sont trop occupés aux travaux de rangement, nettoyage, réparation que nécessitent les chambres au quotidien. Évidemment, il se passe chaque jour une foule de péripéties, entre les locataires au mois et les voyageurs de passage, tandis que Mia essaie tant bien que mal de s'intégrer à son nouveau collège.
✨ En tant qu'immigrés chinois sans papiers, les parents sont à peine payés par un horrible gérant, qui s'enrichit sur leur dos, sans scrupules et en toute impunité. Révoltée par cette injustice, Mia se met en tête de... gagner un motel à un concours d'écriture ! Car travailler à leur propre compte permettra à ses parents de s'en sortir, elle en est certaine.
✨ Formidable tourbillon de vie et d'énergie, "Motel Calivista" aborde avec réalisme les questions de racisme et de précarité, dans un contexte où le rêve américain peut si vite tomber en miettes. Malgré ces thèmes graves, c'est un souvenir de sourire immense qui reste à l'issue de la lecture. Peut-être, tout simplement, parce que l'autrice évoque en grande partie des souvenirs de sa propre enfance ; une enfance heureuse malgré tout, qui a façonné une adulte joyeuse et battante. Quelle belle histoire ! Dès 10 ans

Une histoire afghane

Solène Chalvon-Fioriti

Flammarion

19,00
Conseillé par (Libraire)
7 avril 2022

Un coup de poing au plexus

💔 Certains livres vous font l'effet d'un coup de poing au plexus. Le genre de texte qui vous laisse sans voix, les bras ballants. Dans "La femme qui s'est éveillée", la scène d'ouverture – rude, très rude – y est pour beaucoup : dans les toilettes de l'université de Kaboul, un avortement est en train de mal tourner. Le hasard a voulu que Solène Chalvon-Fioriti, jeune journaliste française, se trouve sur place au même moment. C'est ce jour-là qu'elle se lie d'amitié avec Layle, jeune Afghane au regard sévère dont le courage hors norme, très vite, l'impressionne. Car il faut en avoir, du courage, pour gérer un réseau clandestin de distribution de pilules abortives, dans un pays où l'avortement n'est autorisé que dans de rarissimes cas, jamais sans l'accord du chef de famille.
💔 Ce qui fait la force de "La femme qui s'est éveillée", c'est que ce livre va bien au-delà du témoignage journalistique. Solène Chalvon-Fioriti y brosse le portrait bouleversant de Layle, une personnalité extraordinaire qui aurait pu trouver sa place dans une société plus ouverte, moins suspicieuse vis-à-vis des femmes libres. Elle questionne aussi le métier de grand reporter, qu'elle pratique avec une conviction contagieuse malgré les embûches et les dérives auxquelles elle est confrontée au quotidien. Et elle offre une magnifique déclaration d'amour à l'Afghanistan, pays qui, malgré la sauvagerie de certaines pratiques, malgré les atrocités d'une guerre sans fin, malgré le désespoir qui pousse tant de réfugiés sur les routes, continue de composer des landays, poèmes d'amour et de résistance aussi courts que saisissants : "Donne-moi la main mon aimé et partons dans les champs / Pour nous aimer ou tomber ensemble sous les coups de couteau".

Simone Mota

Six Citrons

18,00
Conseillé par (Libraire)
2 avril 2022

🐟 Poisson d'avril ! 🐟

🍋 L'histoire commence au Brésil. Enfin, pour nous elle commence à La Géosphère, en déballant un carton de Six Citrons Acides. Eh oui, vos libraires se sont dit que la vitamine C, c'était tout aussi bon pour la santé que les livres, alors elles reçoivent aussi des agrumes, maintenant ! Le problème, pour tout vous avouer, c'est la mise en rayon et les paquets-cadeaux, parce que la forme citronoïdale, comment vous dire...
🐟 OK, OK, vous n'y avez pas cru un instant, à nos fariboles, et effectivement, c'était bel et bien un poisson d'avril 😄 N'empêche que cette histoire de citrons acides, ça vient bien de quelque part. C'est tout bonnement le nom de la super-chouette maison d'édition qui publie "Pêcheur d'avril", album jeunesse plein d'entrain en bleu, noir et beige, traduit du portugais du Brésil.
🐟 L'histoire commence donc bel et bien au Brésil, et plus précisément sur une plage. Un pêcheur facétieux raconte à un garçon curieux d'où vient cette étonnante et rigolote tradition du poisson d'avril. Mais entre un roi ventripotent écolo avant l'heure, une reine contemplative et un brin océanographe, et un Charles IX perturbateur de calendrier, les histoires se disent pour mieux se contredire, et chacun·e choisira celle qui lui plaira le mieux ! Car comme l'écrit l'autrice, "Les histoires sont ainsi faites. Pendant qu'on les raconte, elles s'entremêlent. On commence à en raconter une, on s'y perd, puis on s'y retrouve, et alors on en découvre une autre, sans même s'en apercevoir."

20,00
Conseillé par (Libraire)
25 mars 2022

Pour la défense de la culture himba

🇳🇦 Nous connaissions de longue date le travail de Solenn Bardet, géographe française qui, à la suite des heureux hasards de ses voyages, a vécu quatre années au sein d'une famille himba, peuple semi-nomade du Kaokoland, au Nord-Ouest de la Namibie. Remarquable passeuse entre les cultures, Solenn Bardet avait témoigné de son immersion dans sa famille adoptive, tant dans son récit "Pieds nus sur la terre rouge" que dans "Rouge Himba", une BD documentaire réalisée avec le non moins remarquable illustrateur-voyageur Simon Hureau. Alors forcément, le premier roman de cette ethnographe d'exception ne pouvait que piquer notre curiosité !
🇳🇦 "Les Veilleuses" donne la parole à Tulipamwe, jeune femme tiraillée entre un père français et une mère himba. À travers l'histoire que l'autrice lui imagine, on se retrouve plongé·e·s dans un monde où les huttes circulaires suffisent à s'abriter et vivre, où les femmes s'enduisent le corps de terre rouge, où jamais ne s'éteint le feu sacré, lien permanent entre les vivants et les morts. Un monde, aussi, qui subit les pressions de la vie occidentalisée et de la course au profit, et qui peine à conserver non seulement son mode de vie, mais aussi son espace de vie. Tulipamwe, ainsi, s'engage dans une lutte pour préserver sa culture ancestrale et empêcher la construction d'un barrage qui viendrait inonder la vallée dans laquelle elle a grandi.
🇳🇦 Entrée dans le monde adulte, combat de David contre Goliath, poids d'une Histoire sombre et douloureuse, choc culturel entre l'Afrique et l'Europe, puissance des femmes quand elles unissent leurs forces... Ce roman foisonne de tout cela, avec le ton juste de celle qui sait de quoi elle parle. Un livre passionnant !