Il serait bien dommage de passer à côté de ces deux réjouissantes nouvelles : la solitude éclairée d'un « rover sociable » en terres martiennes, et celle d'une vieille dame un poil trop grincheuse qui agrandit par mégarde les murs de son appartement... Plongez, c'est délicieux !

Il ne fait pas bon lire Red pill en ces temps troublés par la montée des extrêmes et les fanatiques du grand complot... Et pourtant, on ne pourrait trouver regard plus lucide (et décalé!) que celui que porte Hari Kunzru sur son siècle, à travers un héros patibulaire et de bien piteuse inspiration... Parano, grinçant, gris-noir comme les entrailles d'un bunker, un texte qui bouscule et dont on ressort complètement hébétés, mais pas tout à fait tirés d'affaire...

Quel singulier délice que ce roman scabreux tout droit venu de l'Amérique des années 50, la descente aux enfers d'un brave fermier puritain « ensorcellé » par une fille de joie... Une exploration du péché et de ses résonnances, sous les yeux d'une foule affamée de justice et de commérages... Laissez-vous emporter par ce tourbillon de noirceur !

Une fois encore, la plume de Jean Mattern nous touche en plein cœur, c'est un baume à nos manques et à nos amours perdues. Une délicatesse indispensable, à offrir comme un bouquet.

Où l'on retrouve l'IMMENSE GENIE NARRATIF de l'autrice de Station Eleven, une construction BRILLANTE et impeccablement menée qui nous entraîne dans la chute du beau monde, post-2008 : une rupture des apparences consommée dans la mélancolie et avec courage par des personnages toujours aussi solitaires et émouvants.