La Kabylie et les coutumes kabyles
EAN13
9782356761071
Éditeur
Bouchene
Date de publication
Collection
Intérieurs du Maghreb
Langue
français
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La Kabylie et les coutumes kabyles

Bouchene

Intérieurs du Maghreb

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La réédition de l’ouvrage de Hanoteau et de Letourneux était attendue depuis
longtemps tant par les amateurs éclairés, par les chercheurs que par les
militants de la cause berbère. C’est dire qu’elle s’imposait à plusieurs
titres : historiographique, scientifique et politique.

Mieux qu’aucune autre, cette monographie de la Kabylie montre que même dans le
cadre colonial, la volonté de savoir excède la volonté de pouvoir. Car si le
projet même du livre est étroitement lié à la politique coloniale de la
France, il renferme des connaissances irréductibles à toute visée politique.
C’est réellement une encyclopédie de la Kabylie. Tout y est décrit
minutieusement : de la flore et la faune aux règles coutumières en passant par
des recettes culinaires et l’artisanat. Tout ce qui en Kabylie relève des
règnes minéral, végétal, animal et humain est désigné en langue kabyle,
souvent même avec des variantes dialectales.

Depuis deux siècles les plus grands noms ont été associés à la genèse et à la
postérité tant scientifique que politique de cette œuvre. Qu’on en juge :
Ismaël Urbain est à l’origine du projet éditorial qui allait transformer des
notes de terrain en trois gros octavo tandis que la première édition est
immédiatement saluée par un très long compte rendu de Ernest Renan qui affirme
que l’organisation politique kabyle représente l’idéal de la démocratie telle
que l’on rêvé nos utopistes. Rappelons qu’on est alors au lendemain de la
Commune de Paris et que ce jugement de Renan vise à dénigrer l’idée même de
démocratie directe. C’est ensuite Durkheim qui s’empare de l’œuvre pour étayer
sa théorie de la solidarité mécanique. À partir de là, la postérité
scientifique de laKabylie et les coutumes kabyles est assurée dans le cadre de
l’école sociologique française qui va l’introduire dans la tradition anglo-
américaine via Evans-Pritchard et Ernest Gellner.

Au plan politique, la postérité de cette œuvre n’est pas moindre car s’est en
se référant aux règles coutumières qui y sont colligées que les juges de paix
français administrèrent la justice durant la période coloniale. C’est
évidemment cet usage qui au moment des indépendances maghrébines disqualifia
cette œuvre et la transforma en repoussoir pour discréditer l’ensemble de
l’ethnologie de la période coloniale. Ce qui n’empêcha pas les militants
Berbères des années 1980 de se réapproprier cette œuvre pour y chercher ce que
la mémoire orale avait oublié, lui donnant un nouveau souffle et initiant
ainsi un usage politique bien différent de celui qui avait inspiré ses
auteurs. Reste enfin que d’un point de vue ethnographique cette œuvre
incontournable qui figure dans toutes les bonnes bibliographies n’a pas encore
été dépassée ni égalée.

*[3e]: Troisième
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