Tete en Arriere (la), roman

Nathalie de Broc

Diabase

  • Conseillé par
    4 mai 2010

    Les yeux noirs

    Ce court roman a obtenu le prix « Yann Brekilien » décerné par l'association des écrivains bretons en 2009. Nathalie De Broc a écrit plusieurs autres romans, mais c'est la première fois que je lis une de ses œuvres. 
    La vie de deux femmes femmes la mère et la fille à travers le regard de cette dernière. On comprend très vite que cet enfant n'était pas souhaité. Par commodité, et au fil des pages on comprend que c'est mieux pour tout le monde, elle est en pension chez « Tantine », veuve sans enfant, qui lui donne toute son affection. Thérèse, la mère vient le premier dimanche de chaque mois, arrivée nimbée de mystère, l'enfant aperçoit une voiture s'arrêtant relativement loin de la maison avec un homme au volant! 


    Et pour l'enfant ce dimanche est une déception, sa mère s'endort sur le canapé et la tension est palpable entre « Tantine » et elle. La fillette grandit, découvre le monde, le petit ami de sa maman pour le moins trop entreprenant, seule « Tantine » la défend, sa grand-mère la traite d'aguicheuse et sa mère ne vient plus la voir! La vie suit son cours, sa mère se met en ménage, s'installe en Auvergne, les rencontres s'espacent, un semblant de tendresse et de compréhension enfin semble s'installer. Pour combien de temps? Car la question du père n'est pas réglée..... La grand mère meurt, sa petite fille se marie, Thérèse est toujours pour le moins étrange, sa vie est toujours compliquée, et sa fille cherche encore et toujours le nom de son père.....
    Thérèse la mère, que l'on sent toujours au bord de la rupture, à la limite de la déraison ou du suicide. Enfant déjà elle fuguait et était retrouvée errante dans la nuit. Sa vie sentimentale est aussi une sorte de dérive, entre un homme qui la bat et un macho ridicule plus jeune qu'elle. Signe de son profond désarroi elle quittera Paris pour aller vivre avec l'homme qui la frappe. La fille malgré tout garde les pieds sur terre, se construisant une vie normale, fondant une famille et étant mère à son tour. Mais avec toujours l'obsession de ses origines, car peur-être que quelqu'un sait, quelque part......
    La Tantine est un personnage adorable et très attachant, les aléas de la vie ont fait que j'ai le souvenir de ce genre de femme chez qui j'allais en vacances dans l'Yonne. Mère de substitution elle a le rôle ingrat d'élever cet enfant même si on sent un brin de jalousie dans son comportent vis-à-vis de Thérèse.
    Pas beaucoup de place pour des personnages masculins dans cette histoire et c'est tant mieux !
    Un récit étrange et une démarche obsessionnelle, découvrir l'identité de son père.
    J'ai du relire ce livre une seconde fois car de multiples petits détails m'avaient échappés. Je suis avec ce livre très loin de mes lectures habituelles, mais petit à petit je suis rentré de le monde de cette enfant puis de cette femme qui cherche ses origines. Elle apprendra quelques petites choses, que tout le monde savait sauf elle, évidemment ! Elle ira en Angleterre sur les trace de sa mère jeune fille.
    Une belle écriture très intimiste, les années passent pour la mère et la fille, le fossé entre elle demeure. Pourtant on sent par moment des instants très fugaces de complicité, d'envie de
    rapprochement mais jamais aboutie. Mais les yeux noirs réapparaissent!
    Pas une lecture facile car l'ambiance générale est oppressante, mais une découverte un peu inattendue, car il est très rare que je relise deux fois le même texte quasiment à suivre!
    Une réflexion de l'enfant me semble très belle et résume ce qu'elle pense de sa mère :
    -« Fantasque » m'aurait plu, car il ne sentait pas l'hôpital.
    Éditions : Diabase (2009)